Crayon puis pinceau
Sous les doigts des déclameurs
Ses mots m’ (é) motivent
Museau rouge soleil
J’ai gribouillé des vers durs
Ou courts comme avril
Plus c’est court Durcet, et plus durs sont ses cours.
Ca me trotte dans la tête
En pas chassés, par galipettes…
Et si en claquant des doigts le temps s’arrêtait ?
Sauf bien sûr, pour toi. Pour moi.
Et si…
Et si c’était maintenant.
Un écran bloqué sur un pixel unique
La silice qui ne transmet plus ces mots, chaque électro arrêté
Dehors, nuit noire.
Les gens sont bloqués dans leurs mouvements.
Moi, pieds nus, qui panique.
Plus de vie ?
Bien sûr que si. Leurs corps sont bizarrement chauds.
C’est illogique.
Je marche.
Quand cela va-t-il s’arrêter ? Oui, quand…
Je souris
Pourquoi « quand ? », alors que le temps semble absent ce soir ?
Je pique une bière en passant.
La rue est belle de silence.
Les piétons sont beaux de présence absente.
Sourire.
Non, je chasse de mon esprit toute idée perverse.
Je rentre chez moi, mets un manteau.
En bas, les pavés sont les mêmes, infoulés.
Pris d’une faim subite, je parcours mes lieux préférés.
Un sushi par ci
Une bouchée campagnarde par là
En dessert, une pâtisserie sur laquelle je n’aurait jamais osé posé les yeux
Encore moins les doigts.
Baiser sur la joue de la vendeuse.
Non, j’ai dit pas d’idée perverse !
Grande inspiration.
Rien à perdre.
Tous les moyens de communication sont coupés.
Pas de mails
Pas de téléphone
Pas d’interlocuteur
Je ne pourrais même pas faire des signaux de fumée, aucun briquet ne fonctionne
Des chaussures, chaussettes chaudes.
Un manteau pour seul vêtement.
La route me fournira le reste.
Je suis les étoiles. Cette nuit elles ne bougeront pas.
La terre reste à sa place.
Et moi je veux voyager, retrouver l’une d’elles, une de celles qui sont tombées ici.
Du moins pas loin
Je n’ai même pas réfléchi, en fait. Je m’apprête à parcourir quelques centaines de kilomètres, de nuit. Sans rien, sans un sous. Ma carte de crédit ne marchera jamais par ce manque de temps.
Je souris.
Et alors…
Je n’avais jamais volé avant ce soir.
Là, je vole pour mes besoins. Et en plus je peux choisir.
Si je veux un pull, j’en trouverai un, caché dans une armoire, au fond d’une pièce obscure. Je m’en fous de son aspect
Ce soir, je m’en fous de tout.
Tant que je vais vers l’Ouest.
Un pas après l’autre. J’ai chaud. Je sue de trop marcher.
Je n’ai pas l’habitude. Les premières dizaines de bornes sont drôles. Mais la fatigue se ressent.
Je pourrais dormir partout. Dans le coin d’un fossé. Sur le lit d’un mourant ou entre deux amants. Je pourrais me mettre nu devant n’importe qui.
Bizarrement, j’ai choisi un hôtel. Pudeur et conformisme. Le lendemain une chambre d’enfant dans un corps de ferme douillet. Elle est abandonnée depuis tellement de temps que j’en ai éternué. J’ai failli prendre une autre pièce, mais je ne peux pas vivre mon intimité face à des statues de chair.
Même si la blague de prendre un banquier pour porte manteau m’a bien tenté…
Même si je me suis bien amusé à rentrer dans un sex shop plein de regards fuyants et figés.
Même si visiter les cabines d’essayage d’un magasin de lingerie me tente bien.
Même si les vestiaires des salles d’aérobic sont bien tentants.
Et non…
Je marche.
Vers l’ouest.
Si le temps s’est arrêté, c’est qu’il y a une raison
Je marche entre des voitures stoppées dans leur course.
Je marche en doublant des sprinters en tenues colorées
Je marche plus vite que cet avion, là haut. Je l’ai doublé il y a une heure, une… le temps de quelques milliers des battements de mon cœur.
Je marche, et me nourris de découvertes. Les sandwichs sont meilleurs dans les bleds paumés
La ville réapparait.
Mon cœur bat plus vite que pendant ces journ… ces longs moments sans aurores.
Le soleil me manque.
Mais plus encore, je veux courir vers l’est
Là bas, au détour d’une rue
J’aperçois le portail.
Angoisse
Et si toi aussi tu étais figée, dans une pause d’éternité ?
Non, je ne crois pas
En absence de temps, nous y gagnons le notre. J’ai tout mon temps, le tiens. En dehors de la foule.
Je peux te donner le monde, en l’état où il est. Nous visiterons des lieux où le soleil brille, sans fin, en un lever flamboyant.
Nous passerons des jou… le temps qu’il nous plaira, là où l’éclair vert existe, illuminant l’horizon le soir.
Nous…
Un mouvement.
Un chat passe et miaule.
Qu’importe, je suis arrivé.
Je t’
Rédigé par votre serviteur (Matthieu) et Kite TRASH
Dans l’Oeil de la bête
Un silence pesant
Les dernières feuilles retombent
L’arbre se couche méprisant
La pluie qui vole en trombe
Un rayon de lumière
Après tant de nuages
L’ombre sort de sa tanière
Peuplant le paysage
Tout est morne, en lambeau
Les fleurs sont tête baissée
Pour la mise au tombeau
De leur pays blessé
Le monstre de rage a tué
Chaque plante, chaque vie
Ne laissant miroiter
Pas une peine de sursis
Des âmes sortent enfin
En tremblant de leur hutte
L’ogre a calmé sa faim
A délaissé la lutte
Mais dans l’œil du cyclone
La douceur de la bête
Fait frétiller la faune
La mère a l’air inquiète
Dans ce vacarme muet
Les prémices du retour
Du vent et ses nuées
Qui abattent murs et tours
Les cadavres tremblent
Réveillés par la voix
Qui tous les assembles
Et toujours les pourvois
Puis retombent et… chttt…
Déchirant l’innocence
Rugit la rage brute
Parée en éminence
Je gronde et je me retourne.
Depuis tellement de temps…
Vous, Maudits, vous m’avez enfermé depuis tellement de temps. Je ressortirai de cet Etna de frustration, je vous le promets. Ma colère qui a tourné sans faim en mon ventre vous dévorera. Tous. Petits dieux de pacotilles, déjà oubliés des hommes.
Ayez Peur.
Je m’abreuverai de l’océan, du sang même de votre frère. Je briserai son trident d’une simple bourrasque. Ses enfants auront le plaisir immense de quitter les flots pour mourir en poupées d’argent. Poissons broyés au plus près des nuages. Les cris des sirènes avertiront les pêcheurs.
Je libèrerai mes sœurs, et de leurs vagues affamées elles engloutiront des ports aromatisés de baies sauvages et de calanques déchiquetées.
Ayez Peur.
Entends mon grondement, toi là haut. Ce n’est pas ton petit tonnerre. C’est la terre que j’écrase, sa souffrance est mon cri.
Ecoute les arbres qui s’effritent plus vite que sous un incendie. Ecoute leurs gémissements. Une chanson nostalgique qui s’étire en un râle continu. Une complainte, ils hurlent à ma pitié. Je n’en ai aucune. Qu’ils finissent quand leur tronc rompra. Dans un silence ou mon souffle lointain fera pleurer le printemps.
Entends mon grondement quand je frapperai la montagne où tu te caches, où tu te terres comme un chevreau. J’arracherai les pierres, unes à unes s’il le faut. Mon corps sera maelström, chaos et pure destruction. J’invoquerai ton père, j’arrêterai le temps. J’offrirai en pâture des enfants dévorés à ce monstre immortel et à ton infernal frère.
Ayez Peur !
Tes petites chaines de montagne me brisent les poignets. Lâche, je te hais. D’ici peu je libèrerai ma colère titanesque. Ma tête touchera le ciel et mes pieds balayeront les villes.
Je hurlerai ma colère comme je gronde aujourd’hui. Tes adorateurs chéris ne sont que fétus de paille. Ils n’auront d’autre choix que de fuir ou de se recroqueviller dans les huttes de pierre et de métal. Comme les faibles animaux qu’ils sont. A peine de la nourriture. Tu ne penses pas que jouer avec ces pantins de chiffon n’est plus de ton âge ? Jetons-les veux-tu ? Abattons leurs temples, et mélangeons-y leurs cadavres. Je ne vais pas ranger ton monde dans des boites de béton, mais le glisser gentiment sous une chape de poussière.
Ayez Peur !!
Tu m’as battu enfant ! Viens jouer maintenant que je suis plus puissant que tu ne l’as été. Ils ont des parapluies, des parafoudres, des paratonnerres. Mais tu rigoles avec moi au mot de para-typhon, hein ! Tu es devenu faible, souvenir d’un mythe oublié. Mon nom les fait trembler.
Viens ! Laisse éclater ta fureur contre la mienne. Battons nous entre dieux, nom de Zeus, nom de TRAITRE ! Eclairons les ténèbres de ta force damnée, aveuglons leurs âmes de mes nuages noirs.
Je te crache au visage des tornades injurieuses : me foudroieras-tu de ton regard d’acier, petit biquet?
Je te hais et je détruirai cet âge, et ton Olympe fragile.
Je te maudis.
Regarde mon œil. Je suis calme et serein. Pas un souffle de violence. Et pourtant je le sais. Je te détruirai. Si ce n’est aujourd’hui, ce sera à la prochaine tempête.
JE TE MAUDIS !
Mes bras sans fin t’étrangleront, écraseront ta poitrine, comprimeront tes pensées, satureront tes poumons de poussière et de sang, t’étoufferont d’un baiser trop appuyé, découperons tes sens comme ils arrachent ton souffle, t’empêcheront d’avancer vers tes proches, ces brindilles, effaceront tes pas des yeux de tes sauveurs, abattront tous tes murs et les toits qui te cachent, mettront à nu la vie de tes enfants disparus, laveront les villes et ta vie d’une coulée de boue, morcelleront les sculptures héritées des ancêtres, applaudiront du désespoir des peuples survivants, oublieront tous les noms des charognes dépecées
JE LIBÈRE MA RAGE !!