07
Avr
11

En un inst’emps

Ca me trotte dans la tête
En pas chassés, par galipettes…

Et si en claquant des doigts le temps s’arrêtait ?
Sauf bien sûr, pour toi. Pour moi.
Et si…

Et si c’était maintenant.

Un écran bloqué sur un pixel unique
La silice qui ne transmet plus ces mots, chaque électro arrêté
Dehors, nuit noire.
Les gens sont bloqués dans leurs mouvements.
Moi, pieds nus, qui panique.
Plus de vie ?
Bien sûr que si. Leurs corps sont bizarrement chauds.
C’est illogique.
Je marche.
Quand cela va-t-il s’arrêter ? Oui, quand…
Je souris
Pourquoi « quand ? », alors que le temps semble absent ce soir ?
Je pique une bière en passant.

La rue est belle de silence.
Les piétons sont beaux de présence absente.
Sourire.
Non, je chasse de mon esprit toute idée perverse.

Je rentre chez moi, mets un manteau.
En bas, les pavés sont les mêmes, infoulés.
Pris d’une faim subite, je parcours mes lieux préférés.
Un sushi par ci
Une bouchée campagnarde par là
En dessert, une pâtisserie sur laquelle je n’aurait jamais osé posé les yeux
Encore moins les doigts.
Baiser sur la joue de la vendeuse.
Non, j’ai dit pas d’idée perverse !

Grande inspiration.
Rien à perdre.

Tous les moyens de communication sont coupés.
Pas de mails
Pas de téléphone
Pas d’interlocuteur
Je ne pourrais même pas faire des signaux de fumée, aucun briquet ne fonctionne

Des chaussures, chaussettes chaudes.
Un manteau pour seul vêtement.
La route me fournira le reste.
Je suis les étoiles. Cette nuit elles ne bougeront pas.
La terre reste à sa place.
Et moi je veux voyager, retrouver l’une d’elles, une de celles qui sont tombées ici.
Du moins pas loin

Je n’ai même pas réfléchi, en fait. Je m’apprête à parcourir quelques centaines de kilomètres, de nuit. Sans rien, sans un sous. Ma carte de crédit ne marchera jamais par ce manque de temps.
Je souris.
Et alors…
Je n’avais jamais volé avant ce soir.
Là, je vole pour mes besoins. Et en plus je peux choisir.
Si je veux un pull, j’en trouverai un, caché dans une armoire, au fond d’une pièce obscure. Je m’en fous de son aspect

Ce soir, je m’en fous de tout.
Tant que je vais vers l’Ouest.
Un pas après l’autre. J’ai chaud. Je sue de trop marcher.
Je n’ai pas l’habitude. Les premières dizaines de bornes sont drôles. Mais la fatigue se ressent.

Je pourrais dormir partout. Dans le coin d’un fossé. Sur le lit d’un mourant ou entre deux amants. Je pourrais me mettre nu devant n’importe qui.
Bizarrement, j’ai choisi un hôtel. Pudeur et conformisme. Le lendemain une chambre d’enfant dans un corps de ferme douillet. Elle est abandonnée depuis tellement de temps que j’en ai éternué. J’ai failli prendre une autre pièce, mais je ne peux pas vivre mon intimité face à des statues de chair.
Même si la blague de prendre un banquier pour porte manteau m’a bien tenté…
Même si je me suis bien amusé à rentrer dans un sex shop plein de regards fuyants et figés.
Même si visiter les cabines d’essayage d’un magasin de lingerie me tente bien.
Même si les vestiaires des salles d’aérobic sont bien tentants.

Et non…

Je marche.
Vers l’ouest.
Si le temps s’est arrêté, c’est qu’il y a une raison

Je marche entre des voitures stoppées dans leur course.
Je marche en doublant des sprinters en tenues colorées
Je marche plus vite que cet avion, là haut. Je l’ai doublé il y a une heure, une… le temps de quelques milliers des battements de mon cœur.
Je marche, et me nourris de découvertes. Les sandwichs sont meilleurs dans les bleds paumés

La ville réapparait.
Mon cœur bat plus vite que pendant ces journ… ces longs moments sans aurores.
Le soleil me manque.
Mais plus encore, je veux courir vers l’est
Là bas, au détour d’une rue

J’aperçois le portail.
Angoisse
Et si toi aussi tu étais figée, dans une pause d’éternité ?
Non, je ne crois pas
En absence de temps, nous y gagnons le notre. J’ai tout mon temps, le tiens. En dehors de la foule.
Je peux te donner le monde, en l’état où il est. Nous visiterons des lieux où le soleil brille, sans fin, en un lever flamboyant.
Nous passerons des jou… le temps qu’il nous plaira, là où l’éclair vert existe, illuminant l’horizon le soir.
Nous…

Un mouvement.
Un chat passe et miaule.

Qu’importe, je suis arrivé.

Je t’


0 Réponses to “En un inst’emps”



  1. Laissez un commentaire

Laisser un commentaire


avril 2011
L M M J V S D
 123
45678910
11121314151617
18192021222324
252627282930  

Blog Stats

  • 5 457 hits